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Un palais de papier

Blog lecture, avis & chroniques

Le secret de la Villa Freiberg de Romina Casagrande

"De nos jours. Bess pensait en avoir fini avec la villa Freiberg. Congédiée sans préavis par Rosamaria Tondini, la propriétaire de cette ancienne demeure, l’architecte s’était résolue à abandonner ses projets de rénovation. Pourtant un mois plus tard, à la suite du décès de madame Tondini, Bess apprend que cette dernière lui a légué la villa pour qu’elle la réhabilite et en fasse un musée. Mais quelle mémoire cette bâtisse pleine de déchets peut-elle bien conserver ?

1943. Orphelins, Emma et Benjamin sont accueillis chez un ami de leur père, un général, qui a promis de les protéger. Les enfants s’ adaptent à leur nouveau quotidien, nouent des relations complices avec les domestiques, tandis que Frau Anna, la femme du général, organise des réceptions fastueuses dans la villa où les officiels nazis qui occupent la région sont toujours bien reçus. Mais un jour, Benjamin disparaît."

Fleuve - 352 pages

Voilà un roman historique qui me laisse un sentiment bigrement mitigé à l'issue de ma lecture. 

Romina Casagrande utilise ce fameux procédé de double temporalité, à savoir une histoire dans le passé, une histoire dans le présent, les deux étant interconnectées. 

De nos jours, Bess, une architecte, apprend avec surprise qu'une de ses clientes les plus capricieuses, surnommée "Kiki", est décédée. Cette dernière l'a nommée exécutrice testamentaire et la charge de faire l'inventaire de la grande villa de famille qu'elle possède afin de la transformer en musée. Bess, qui n'est pas historienne, se retrouve écrasée par cette tâche, mais se prend finalement au jeu lorsqu'elle comprend que la bâtisse recèle bien des secrets

Dans les années 40, une toute jeune "Kiki" voit ses parents recueillir deux orphelins : une fille de son âge, Emma, ainsi que son petit frère Benjamin, que l'on qualifierait probablement aujourd'hui d'autiste. Il ne parle pas, semble s'enfermer dans son monde intérieur, mais se passionne pour les insectes, qu'il dessine avec un grand renfort de détails. Les parents de Kiki, proches du pouvoir Nazi local, donnent régulièrement de grandes fêtes chez eux. Un soir de réception, Benjamin disparaît mystérieusement.

Cela m'attriste vraiment de ne pas avoir apprécié ce roman, car on y apprend une foule de choses. Tout d'abord, la situation ambigüe du Haut-Artige, région du nord de l'Italie collée à la frontière autrichienne, dont la population mélangeait allègrement germanophones et italophones, sans compter les différents patois. L'allégeance de cette région lors de la guerre est compliquée, entre appartenance historique à l'empire des Austro-Hongrois et velléité d'indépendance. 

Puis, il y a l'évocation, rare dans les romans historiques de ce type, du traitement subi par les personnes handicapées physiques et mentales sous un troisième Reich obsédé par l'idée de pureté et de performance. Une épuration pure et simple qui fera des dizaines de milliers de morts, de castrés, de stérilisées, mais aussi de sujets d'expériences horribles au nom de l'avancement d'une certaine médecine. C'est un sujet terriblement déchirant, mais un point central me semble-t-il des exactions commises par les Nazis en Europe lors de cette abominable période. 

Rien que pour cela, je ne regrette pas ma lecture. Toutefois, j'aurais désiré que ces informations s'accompagnent de personnages travaillés et intéressants et d'une plume plus fluide, moins dans le non-dit et l'utilisation de sous-intrigues insignifiantes. Dommage que le tout ne soit pas à la hauteur.

Bess regarda la bâtisse, son crépi usé couleur pêche, ses volets émeraude, ses fenêtres aux châssis blancs, les branches qui l'assaillaient, le vert doux des plantes grimpantes. Et le soleil qui dansotait sur la terrasse, les arches du porche qui embrassaient de leur ombre une table en métal rouillée. Elle imaginait des pique-niques, des femmes qui se promenaient en bavardant, cachées sous des ombrelles blanches, une voiture d'époque à la carrosserie noire scintillante, qui entrait en soulevant la poussière et en faisant sonner son klaxon. Une idée du passé fatalement influencée par la myriade de films historiques qu'elle avait vus chez elle, malade, pendant que Mattia était à l'école.

En bref… Un roman historique très moyen, qui vaut surtout pour les informations pertinentes qu'il renferme.

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