Blacksad, tome 1 : Quelque part entre les ombres de Diaz Canales & Guarnido

""Parfois, quand j'entre dans mon bureau, j'ai l'impression de marcher dans les ruines d'une ancienne civilisation. Non à cause du désordre qui y règne, mais parce que certainement cela ressemble aux vestiges de l'être civilisé que je fus jadis".

Ainsi parle Blacksad, détective privé aux méthodes musclé, mais à la sensibilité à fleur de peau. Il aimerait bien être plus guilleret, l'animal, mais la dépression le ronge, et pour une juste cause : Natalia Wilford, actrice à succès et ancien amour encore si présent, vient de se faire cruellement assassiner. Blacksad va donc, en dépit des conseils du commissaire Smirnov, tenter d'élucider la mort de son ancienne compagne afin de retrouver la paix. Mais l'enquête est bien loin d'être aisée pour notre héros, qui se lance dans un combat dont l'opposant peut être bien plus puissant qu'il ne le soupçonne…"

Dargaud - 48 pages

Ce premier tome est une relecture, mais cela remonte à si longtemps que je ne m'en souvenais franchement plus du tout. Ne me restait que cette impression d'ambiance digne d'un film noir, que j'ai été ravie de retrouver. 

En effet, et cela frappe dès les premières planches, voire les premières cases : ici, il y a de l'univers (oserai-je dire une patte 😸), de la profondeur, un scénario au cordeau et une illustration à tomber à la renverse. Rien à jeter. 

Blacksad, personnage principal éponyme, traîne son spleen au fil des pages et des cigarettes qu'il fume plus que de raison, sur la piste de celui qui a assassiné une femme qu'il a bien connue autrefois. La belle est typique des atmosphères noires, vénéneuse et inatteignable. Cette première affaire sera ainsi l'occasion de croiser diverses races animalières, toutes se voyant un peu forcées le trait au niveau des stéréotypes qu'on y associerait. Ainsi, les lézards sont des roublards, les rhinocéros de grosses brutes qui foncent dans le tas, et j'en passe.

Je l'ai dit au-dessus, mais registre illustration, on est ici sur du très lourd : les personnages sont certes anthropomorphiques, mais ne perdent rien de leur animalité — cela a d'ailleurs du demander un boulot de titan ! L'enquête, quant à elle, tient la route et nous concède de deviner un peu les orientations de la série à venir, entre désenchantement et brèves notes d'espoir dans un monde corrompu et sombre. 

Quelque part entre les ombres s'avère donc être un excellent opus d'introduction, qui en met plein les mirettes et ne nous donne qu'une envie : nous précipiter sur la suite de ce petit chef-d'œuvre de la bande dessinée moderne.

En bref... À ne manquer sous aucun prétexte !