Le jardin Paris de Gaëlle Geniller

10 Octobre 2023

"Années 1920. Rose est un garçon, et comme toutes les filles qu'il fréquente depuis sa naissance au cabaret dirigé par sa maman, il veut danser. Avec ce second livre, l'autrice de 24 ans, Gaëlle Geniller, frappe fort. "Le Jardin" est un cabaret parisien au succès grandissant dirigé par une femme. Toutes celles qui y travaillent ont un nom de fleur et l'ambiance y est familiale. Rose, un garçon de 19 ans, est né et a grandi dans cet établissement. Il souhaite à son tour être danseur et se produire sur la scène, devant un public, comme ses amies. Il va rapidement en devenir l'attraction principale."

Delcourt - 211 pages

Il me tardait de découvrir Le jardin Paris, roman graphique de Gaëlle Geniller, auréolé qu'il est de bons retours des lectrices et lecteurs. C'est chose faite aujourd'hui, et il me faut avouer tout à fait comprendre l'engouement que ce titre a suscité. Nous avons ici une œuvre aboutie autant sur le fond que sur la forme qui, dès les premières pages, sait nous plonger dans un univers esthétiquement fort intéressant : celui du Paris des années 20.

L'histoire se déroule ainsi dans un cabaret : il y a la troupe de danseuses, la directrice, ainsi que son fils, surnommé — comme chacun au sein de l'établissement — avec un nom de fleur : Rose. Rose danse, et plutôt bien. À tout juste dix-neuf ans, et sous le regard bienveillant des autres artistes, il monte sur scène pour un numéro de danse. Pour lui, qui a grandi au milieu de ces femmes, rien d'anormal. Pour les spectateurs et spectatrices, voici un danseur a priori homme qui se vêt et se déhanche telle une femme. Qu'est-il, au juste ?

Et la démonstration rhétorique est brillante : pour lui, nul besoin de s'identifier puisqu'il a grandi dans un univers ou cela n'a pas de sens. Pour le reste de la société, il faut choisir. Soit l'un, soit l'autre. Dans toute sa candeur et sa passion, Rose va se dévoiler aux yeux du monde tel qu'il est : lui, simplement. J'ai vraiment adoré ce personnage, qui est une réussite autant au niveau de son visuel que de son écriture. Nous le suivons à travers différentes phases : son innocence, puis son incompréhension face à toutes ces questions qu'il ne s'était jamais posé, et enfin, sa révélation au monde, qu'il va bien falloir affronter pour grandir et se trouver. Ainsi, Le jardin Paris touche-t-il au but, nous laissant tourner la dernière page bien en peine de trouver des arguments contraires.

Esthétiquement parlant enfin, cette bande dessinée est un régal. La bédéiste a parfaitement saisi le style "flappers", très en vogue durant les années folles, avec ces femmes aux cheveux courts et aux robes courtes (pour l'époque) qui ne marquent pas la silhouette. Les illustrations sont fluides, dynamiques, captant l'air d'un temps qui était celui de tous les possibles.

Gaëlle Geniller m'a ainsi impressionné avec ce titre. Je compte bien suivre de près ses prochaines publications !

En bref… Très chouette !