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Un palais de papier

Blog lecture, avis & chroniques

La dernière saison de Sélim de Pascale Quiviger

"L’empire de Selim, son soleil de plomb, ses dunes à perte de vue, son sultan cruel, fils de tyran cruel, sa religion incarnée par la Déesse Innommable, sans oublier sa Prophétie qui a commencé à se réaliser, inoculant la peur, car tout le monde connaît ses dernières strophes : "Lorsque le soleil ne se lèvera plus, ce que vous consommez vous consumera." Avant qu’il ne soit trop tard, l’impossible doit être fait et la dernière chance de Selim repose sur un étrange duo : Esmée et Mercenaire."

Rouergue - 624 pages

Cela faisait bien longtemps qu'une "plume" fantasy ne m'avait pas autant émerveillé. C'est bien simple, j'ai savouré cette lecture avec lenteur et délectation, tant Pascale Quiviger s'impose comme une magicienne des mots, maniant avec brio aussi bien l'humour que le drame. Ce qu'il convient de nommer une véritable voix singulière.

Le roman en lui-même m'a plu, bien que j'aie parfois ressenti quelques longueurs de-ci de-là — particulièrement au début, au moment de l'installation des différents éléments. Je précise tout de suite que je n'ai pas (encore) lu la tétralogie du Royaume de Pierre d'Angle

Nous sommes ici dans une fantasy plutôt orientale dans le cadre, avec ce sultanat situé en plein désert et écrasé par une sécheresse qui dure depuis bien trop d'années. Notre protagoniste principal, Malek, est un jeune homme d'une quinzaine d'années qui vit dans une pauvreté absolue, d'abord seul dans la rue puis auprès d'un clan de marginaux. Bien évidemment, une grande destinée l'attend, même s'il ne le sait pas encore. En effet, il semblerait qu'il soit capable d'entendre un indice annonciateur d'une apocalypse à venir. Ainsi va-t-il se retrouver menacé par la représentante de la principale religion du Sultanat, ainsi que par le Sultan lui-même ; toutefois, il trouvera du réconfort auprès d'un couple de mercenaires, Arash et Esmée, deux fortes têtes qui se retrouvent un peu malgré elles toujours mêlés à des affaires d'états. 

La mise en place, je le disais au-dessus, de l'ensemble est un petit peu lourde au départ, car pas mal d'éléments sont à installer. S'il s'agit d'un roman fantasy étiqueté comme "jeunesse", laissez-moi vous dire que le texte est tout de même plutôt dense et l'ouvrage tout à fait épais. Pour autant, une fois cette centaine de pages passée, le récit se lit tout seul. Tour à tour captivant, poétique, dramatique ou encore drôle, il endosse mille et une identités tout en nous dépaysant profondément avec cette fantasy orientale qui sort des carcans classiques du genre. Malek n'est pas forcément un personnage attachant, mais ce côté-ci est rattrapé par Esmée et Arash, que j'ai littéralement adorés. Tant et si bien que je me suis acheté le premier tome du Royaume de Pierre d'Angle, pour le plaisir de les retrouver ! Et puis, la manière dont l'autrice croque les petits défauts de chacun vaut son pesant d'or, sincèrement. 

Vous l'aurez compris, ce fut une bonne lecture, un quasi-coup de cœur… s'il n'y avait pas eu ce problème de rythme !

Comme bien des contrées dites civilisées, l'empire de Selim classait ses habitants par couleurs. Les tanneurs étaient jaunis par l'ammoniaque et les esclaves, rougis par le sel. Gris de poussière, les mineurs de diamants ; bruns, les domestiques des grandes demeures de Borhan. Entre cuivre et porcelaine, les gens libres, mais alors que porcelaine dégustait des salades de fruits sur une terrasse fleurie, cuivre importait des marchandises pour les revendre dix fois leur prix. Seule l'oasis de Toutiè absorbait, tolérait et mariait toutes les couleurs entre elles. Toutes, sauf l'ébène refoulée en bordure du désert.

En bref… Un bon roman de fantasy jeunesse, qui m'a fait découvrir un véritable talent.

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