Les jumeaux Crochemort, tome 1 : La malédiction de Cassandra O'Donnell

22 Octobre 2023

"S'il est des lieux obscurs, dévorés par les ténèbres, des demeures où les vivants n'ont pas leur place, le manoir Crochemort sans nul doute en fait partie. Après des années d'exil, Silence et Oriel Crochemort sont soudainement rappelés dans le manoir familial par des grands-parents dont ils ignoraient l'existence. Les jumeaux ne se sentent pas les bienvenus et découvrent qu'une terrible malédiction s'est abattue sur la ville…"

Gallimard - 377 pages

Cela est rare de ma part, mais je dois avouer que c'est avant toute chose la couverture de ce titre qui m'a attirée, avec ces deux adolescents énigmatiques, au regard bleu si clair. De Cassandra O'Donnell, je ne connais que l'œuvre bit lit et à l'époque, je n'avais pas forcément accroché avec son style ; je partais donc à l'inconnue dans cette lecture, sans savoir si j'en ressortirai satisfaite ou non.

Et mon avis, finalement, est plutôt très mitigé.

D'une part, parce qu'il ne s'agit pas à proprement parler d'une mauvaise lecture. L'autrice a de belles idées, malgré une influence très (trop) prégnante de la série télévisée Mercredi. Les visions, les pèlerins, le prédicateur… Parfois, je me suis même demandée s'il ne s'agissait pas d'un roman de commande, tant on semble ici chercher avant tout à surfer sur la mouvance induite par cette charmante revisite de la famille Addams.

D'autre part, parce que le style d'écriture est très singulier. Pour en revenir à Mercredi : si vous avez vu la série, vous savez combien elle peut être froide et lapidaire, en quelque sorte, dans sa manière de parler. J'ai la sensation que c'est ce vers quoi l'autrice a cherché à tendre ici. Alors, c'est à double tranchant : l'intention est réussie, pour le coup, puisque la plume est clinique. Pour autant, cela a pour effet de nous laisser un peu sur le bord de la route, en tant que lecteurs, parce qu'il manque l'émotion qui crée l'empathie envers les personnages. Ainsi, certains dialogues m'ont semblé itératifs, voire téléphonés tant ils sont écrits de manière à faire transparaître l'attitude atone des personnages.

Après, niveau atmosphère, c'est plus ou moins réussi. Le tome s'avère bien trop introductif, laissant tellement de mystères planés et se reposant trop à mon goût sur une fin à suspense ; toutefois, l'ambiance sinistre et un peu hors d'âge de l'ensemble lui confère un charme automnal tout particulier.

Voilà donc une lecture qui me laisse globalement déçue, ne creusant pas assez son sujet. Je pense que j'essaierai probablement de lire le second tome, mais rien n'est moins sûr.

- Il n'y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.
- Ça veut dire quoi, exactement ?
- Ça veut dire que tu devrais éviter de poser des questions dont tu ne veux pas connaître la réponse.

En bref… Pas aussi marquant qu'attendu.