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Un palais de papier

Blog lecture, avis & chroniques

Une sœur de Bastien Vivès

« – Y a beau avoir plein de monde, j'ai toujours l'impression d'être toute seule.

– Même quand t'es avec nous ?

– Non, avec vous c'est chouette. »

Casterman - 224 pages

Je continue ma découverte du bédéiste polémique Bastien Vivès avec ce qui est le titre qui l'a révélé au grand public : Une sœur. Soit l'histoire d'un adolescent de treize ans, Antoine, en vacances avec sa famille en Bretagne, qui voit débarquer au sein de leur villégiature une amie de sa mère, accompagnée de sa fille de seize ans, Hélène.

Archétype de la jolie blonde mystérieuse qui fume clope sur clope et semble avoir tout vécu (on se croirait dans The dreamers), Hélène s'avère pourtant être avant tout une jeune fille plutôt seule et mélancolique, qui va trouver au sein de la famille d'Antoine les plaisirs simples d'une famille stable et routinière. D'où le titre.

Si le dessin de Bastien Vivès ne m'avait pas forcément charmé dans Amitiés étroites - lu précédemment — le fait est qu'il se déleste de la couleur ici. Il opte pour un noir et blanc tout en flou et en nuances de gris qui donne une identité profondément singulière à son œuvre, parfait mélange de la nostalgie des vacances et de la nébulosité de certains souvenirs. Visuellement, c'est une claque pour moi qui tends habituellement à préférer le dessin classique, détaillé à l'extrême. B. Vivès m'a fait oublier ce qui m'entourait l'espace d'un court instant. 

Scénaristiquement, il y a des choses que j'ai aimées, d'autres moins. L'aspect sexuel, fantasmagorique qui semble décidément être une habitude chez lui… Je ne dirais pas que je ne l'ai pas compris, parce que je vois où il veut en venir. C'est juste que je n'ai pu m'empêcher d'y voir une rêverie adulescente sur l'initiation à la sexualité avec une fille canon de seize ans qui ne demande que ça. Ça m'a moyennement plu, ou du moins cela aurait pu s'arrêter à des pratiques moins poussives : on sent que c'est nourri au porno, clairement. Toutefois, la fin, formidablement ingénieuse, contrebalance assez bien ce (gros) défaut, avec un titre qui prend pleinement son sens et deux adolescents qui ont créé un lien très fort à partir de pas grand-chose, finalement. C'est très beau, tout en non-dit, avec cet absolu de l'adolescence capturé en un simple échange de regard. 

Davantage de subtilité entre les deux personnages principaux, et je ne passais pas loin du coup de cœur. Pour mon prochain essai, je compte tenter Polina.

Une sœur de Bastien Vivès

En bref… Belle découverte dans l'ensemble, malgré une représentation de la sexualité qui ne m'a pas plu.

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