Les strates de Pénélope Bagieu

"L'autrice de Culottées, Eisner Award 2019, livre ici son premier récit autobiographique, où histoires d'enfance et d'adolescence composent le portrait de l'adulte qu'elle est devenue."

Gallimard - 144 pages

Pénélope Bagieu a un petit bidule en plus. Il y a de nombreux bons bédéistes en France en ce moment, mais chaque fois que je lis une de ses œuvres, ça me frappe, même lorsqu'il s'agit d'une création plus mineure, telle que Les strates. J'ignore à quoi ça tient : son lettrage toujours dynamique, son dessin minimaliste, mais qui capture juste ce qu'il faut, ou encore ses planches a priori légères, mais toujours empreintes d'une certaine gravité. Peut-être un savant amalgame de tout cela ? 

Après le succès fulgurant de Culottés, on a ici l'impression qu'elle a eu envie de revenir à quelque chose de plus intimes, un peu comme à ses débuts. Ainsi se met-elle en scène au travers de différentes planches à des moments charnières de sa vie, afin de nous raconter ce qui a constitué la femme qu'elle est aujourd'hui. Et c'est passionnant. 

Bien sûr, en tant que femme, il y a des éléments là-dedans qui m'atteignent particulièrement : l'évocation de la puberté, les difficiles amitiés féminines toujours à un cheveu d'une rivalité finalement inutile, ou encore les premières expériences amoureuses. C'est sincère, c'est frais, tantôt léger, tantôt grave — mais avec une pudeur bien dosée, qui nous évite un voyeurisme un brin gênant. 

Après, il n'y a pas forcément de liens significatifs entre les différentes planches, si ce n'est elle-même. Cela pourrait en gêner certains ; il s'agit vraiment de tranches de vies cathartiques, ni plus ni moins. Pour ma part, j'ai marché à fond et si vous admirez le pendant plus personnel de l'œuvre de Pénélope Bagieu, vous apprécierez plausiblement de même.

En bref… Les strates s'est avéré être une belle lecture, apportant un éclairage intéressant sur ce qui a fait de Pénélope Bagieu l'artiste qu'elle est aujourd'hui.