Idol de Rin Usami

"Akari, lycéenne, est fan d’un idol de groupe pop. Le seul moment où elle se sent vivante, c’est quand elle est en lien avec lui. Son idol révèle toutes les émotions enfouies en elle qu’elle n’arrive pas à exprimer. Elle s’habille en bleu, la couleur fétiche de son idol, vit intensément chacun de ses concerts, collectionne ses CD et ses photos, écoute sa musique en boucle et lui dédie un blog où elle analyse chacun de ses faits et gestes. Le jour où son idol dérape et frappe une fan, le fragile équilibre de la vie d’Akari se brise."

Philippe Picquier - 144 pages

Suite à ma lecture de I was born for this d'Alice Oseman, j'étais à la recherche d'une autre œuvre évoquant la place prépondérante qu'a pris la pop culture dans nos vies, comme une sorte de nouvelle religion. Et forcément, Idol, grâce à son résumé, ne pouvait que m'interpeller.

Nous suivons ici Akari, une lycéenne de dix-sept ans, fan absolue d'une idol de J-pop qui fait scandale dans son milieu depuis qu'il a été filmé en train de frapper une fan. Akari, déjà peu stable psychologiquement, va alors peu à peu se sentir sombrer en découvrant que derrière son "dieu" idéalisé se cache aussi un homme qu'elle ne connaît finalement pas du tout.

Idol est un roman très bref, que j'ai lu quasiment d'une traite. D'une plume ciselée, Rin Usami nous entraîne au plus près de la psyché d'une jeune fille qui ne parvient plus à vivre pour elle-même, se laissant peu à peu dépérir. En filigrane, il y a aussi une critique de la société japonaise, qui demande parfois bien trop à ses jeunes, et a su habilement créer en la J-pop une valeur refuge, une sorte de safe place, ou rien de mauvais ne peut se produire… Du moins en théorie. Une société malade de ne pas savoir regarder ses maux en face, trop soucieuse d'un paraître qui peut pourtant s'effondrer d'un rien. 

Je ne sais pas si ce récit me marquera autant que I was born for this dans la durée, mais je l'ai en tout cas trouvé plutôt réussi. Rin Usami parvient à nous immerger dans cette vie de dévotion au côté d'une héroïne en souffrance avec une vraisemblance criante. J'aurais peut-être aimé que les soucis psychiatriques d'Akari soient amenés d'une manière moins floue, cela aurait conféré au texte une densité particulière qui lui manquaient parfois à certains moments. Pour autant, je salue le choix des éditions Philippe Picquier (quel catalogue !) d'avoir traduit ce texte très en adéquation avec notre époque.

J’ai du mal à faire les gestes du quotidien que maîtrise tout le monde, et j’en souffre beaucoup. Soutenir mon idol était le centre absolu de ma vie, la seule chose dont je ne doutais pas. Le centre de ma vie ? Peut-être plutôt ma colonne vertébrale.

En bref… Un roman intéressant.